Chinoiseries ou le saut du soja au bambou
Vous avez remarqué ? Les fibres à la mode nous viennent plutôt d'Asie en ce moment. Bien sûr, on cultive le soja ou le bambou un peu partout dans le monde ; mais si c'est un peu grâce à Marco Polo (paraît-il) que les nouilles sont devenues italiennes, ce sera grâce au tricot que tofu-boy et compère bambou entrent chez moi.
De là à se tortiller de rire comme un spaghetti trop cuit sur sa cuillère à soupe, ce fut exactement ma réaction la première fois que j'en entendais parler. Depuis longtemps déjà, le tofu n'excitait pas troo mes papilles, et je ne trouve pas plus réjouissant de manger du bambou, même s'il a au moins le mérite du croquant.
La pousse famélique de bambou avec son moignon de feuille, allongée dans son verre d'eau sale qu'il fallait obligatoirement posséder chez soi, au bureau, et partout ou la grisaille vous prenait l'esprit, celui-ci criant "à l'aide, respirons la Nature avec un N majuscule" (comme si l'homme était si peu naturel que toutes ses actions soient contraires, justement, à Dame N...)... Bref, le bamboubou avait fini par avoir pour moi l'image du caniche à sa mémère injustement décriée : cache-misère poussiéreux.
A propos de caniches, j'en ai connu un qui tenait plutôt du nounours tendre et du clown réunis ; sa mémère ferait rougir un pommier ou verdir de jalousie bien des moqueuses...
Eh bien c'est comme pour le bambou : de temps en temps, il est bon de réviser ses principes.
Je dépoussière donc la plantule et lui accorde à l'usage, en fil à tricoter, bien des qualités. D'abord, elle a un joli chatoiement, un peu moiré, qui lui donne un résultat plus proche de la soie (n'exagérons rien) que de l'acrylique. Ensuite, elle glisse parfaitement sur les aiguilles (tiens donc, en bambou elles-aussi...), sans non plus déborder trop du côté où j'ai la fâcheuse habitude de perdre mes mailles.
Et puisque ce modèle se tricote avec trois numéros d'aiguilles différents (5.5, 5 et 4), j'ai remarqué que ce fil s'adaptait bien : il utilise toute la place en 5.5, et reste plutôt gonflant en 4. Le résultat est très souple, fluide même. Sur l'étiquette, le numéro conseillé est 3.5, cela doit aussi y être pour quelque chose, mais je trouve que ce fil mérite cette souplesse donnée par les aiguilles plus larges.
En bref, un fil facile, mais pas la fille du siècle non plus.
Ma robette chic et sobre avance donc, avec son fil gonflant (gonflants aussi les rangs de jersey). Heureusement, Buldozilla aime montrer ses jambes et la robette sera courte... Au programme de ce week-end : broderie de fleurettes et montage de babioles contrastées, certainement au crochet. Finalement, dans la mémèrerie, je me défends pas mal !!!