De l'histoire avec un grand i
Il fut un temps où je ne tricotais pas.
Que faisais-je alors ? Je lisais.
Je lisais tout ce qui venait à moi (livres des parents, magazines, quotidiens, affiches, prospectus, enseignes, etc.), tout ce que je pouvais me procurer (livres de poches, bouquins d'occas' sur les marchés, bouquins de cours... moins, ceux-là), et tout ce qui ne se lit pas puisque j'ai ce réflexe de voir les mots que j'entends comme écrits sur une page.
De déménagements en déménagements, chaque fois, l'addition était plus lourde.
Puis un jour, j'ai découvert les catalogues de tricot chez Phildar. Ce jour-là, qui coïncide donc avec mes premières nausées, fut une autre façon d'apporter du papier à la maison. Et j'entassais les collections, tricotouillant trois petites choses à peine plus réjouissantes que ma première écharpe en point mousse, du temps où je ne mesurais pas plus d'un mètre.
Insidieusement, le virus faisait son petit bonhomme de chemin : première carte de fidélité, premiers jacquards, premières torsades, premier bébé.
Énième déménagement. 30% de cartons remplis de papier. Record battu.
Arrivée ici, et deuxième rejeton dans la foulée, ou dois-je dire dans le camion pratiquement (il a bien failli y voyager, mais ceci est une autre histoire !). Démultiplication des couches, moins de temps pour lire, fatalement. Et c'est là que la maladie se déclare : dans un moment de faiblesse, le vide intra-crânien menaçait déjà de remplacer une matière autrefois grise d'avoir essuyé beaucoup d'encre. Maille à maille, je me suis mise à reconstruire un autre rythme de vie, moins silencieux (par la force des chose), et à me colorer l'intérieur de la tête.
Troisième pousse, réduction drastique du contingent de temps alloué à la lecture.
Alors là, par les poils du taureau : Buldozilla sous un bras, les deux frangins sous cloche, je repousse les limites du raisonnable en matière d'aiguilles et sombre totalement dans la mono-manie, empelotée. Ordinateur calé en position blog, ouvert aussi en permanence sur le monde merveilleux d'Amazon. Plus d'une page sur deux lue aujourd'hui est celle d'un catalogue ou d'un livre de modèles. La sieste, temps mort et pourtant béni, est réservée aux fils (ceux qui se déroulent), mes soirées commencent toujours par un tour sur les blogs.
Et que fais-je sur les blogs ?
Je lis bien sûr ! Avec avidité, plaisir, surprise ! Je lis tout ce que vous me donnez, les commentaires, les notes de bas de page, les pubs en haut de l'écran, les idées entre les lignes et même les photos que je traduis en donnant tout haut mes commentaires.
Bref, mon prochain déménageur sera content : ce ne sont pas les cartons de livres qui manqueront, mais ils sont maintenant largement tempérés par ceux des pelotes. Et il y a un objet qu'il ne sera pas obligé de porter : mon PC, trop précieux, une somme de blogs que je ne mettrai jamais au fonds d'un conteneur, coincée entre une commode et la table de cuisine.
Pour les mailles, vous avez pu apercevoir la Robette chic et sobre, version "pas le compas dans l'oeil, et puis de toute façon j'aime pas broder". Et puis "Acidulos", pull en coton (Falaise de chez Phildar), des tricots en coton de DBliss.
Sur mes aiguilles, "La Mamma" trône et termine son jacquard pour me laisser ce week-end l'occasion de souffler en papotant avec les oeufs de Pâques. Voici les deux demi-devants, et un dos bien avancé. J'ai chamboulé tous les coloris, je dois rebroder pas mal de trucs, cependant une question me taraude. Feutrage or no feutrage ? (pour assainir l'envers du décor et fondre les coloris). J'ai UN TOUT PETIT PEU PEUR du feutrage... Quelqu'un a t'il une meilleure idée, sans parler de doublure en tissu ?
Ensuite, ébauche de gilet (Détente de Phildar, coloris Soleil) qui va se terminer en capilotade à manches courtes et nombril apparent si personne ne me trouve mes deux pelotes nécessaires pour le compléter, du même bain if you please...
Quelle vie hein ?